On prend l’apéro ? Regard sur une tradition bien française
Je vais te présenter ce que recouvre ce terme : L’apéritif. Et après avoir lu cet article, tu n’ignoreras plus aucun des rituels connectés avec l’apéro : tu connaîtras le vocabulaire utilisé sur le bout des doigts, tu sauras parfaitement ce qu’on mange et ce qu’on boit, les usages à respecter : ce qui se fait ou pas…
Bref, tu sera prêt à te joindre à ce moment festif qui ponctue agréablement la vie des Français !
L’apéritif, un mot qui a changé de sens
L’apéritif vient du latin aperire (ouvrir). Mais au début, il appartient au vocabulaire médical. On le rencontre par exemple au XIIIe siècle, dans le Livre des simples médecines, qui évoque des plantes « apéritives » – qui permettent au corps d’éliminer, d’aider à la digestion.
Pas vraiment festif, l’apéritif au XIIIe siècle !!!
Il faut attendre le XIXe siècle pour que le mot évolue vers l’idée d’une boisson alcoolisée, considérée comme stimulante, qui permet d’ouvrir l’appétit, un moment de socialisation, le fameux « verre de contact »...
L’apéritif, c’est un moment incontournable de la convivialité et de « L’art de vivre à la française ». Si important que tout un pan de vocabulaire s’est développé et que de nombreux mots sont directement liés avec cette tradition.
Un peu de vocabulaire
- le bar, le café, le bistrot, la brasserie, la cave à vin… Tu pourras prendre l’apéritif dans chacun de ces lieux et les termes employés sont plus ou moins synonymes : bistrot est un mot plus familier, une brasserie était à l’origine un lieu où l’on brassait la bière (où on la fabriquait) et la cave est un établissement plus élégant qui propose une carte de vins plus étoffée. Et chacun de ces lieux est susceptible de proposer une petite restauration : croque-monsieur, omelette, salade, sandwich, tapas… Ça dépend !
- la carafe d’eau (le pot à eau) & le pichet de vin : ce sont 2 objets qui parfois ont exactement la même forme. Ce qui les distingue, c’est que la carafe contiendra toujours de l’eau (du robinet, pas de l’eau minérale) et que le pichet sera réservé au vin (du vin de table, de qualité variable selon les établissements, mais en général tout à fait acceptable et bien moins cher qu’une bouteille).
- Le tire-bouchon : l’ustensile essentiel pour déboucher (ouvrir) une bouteille de vin. En général, et contrairement à ce qui se fait dans de nombreux pays dans le monde, les bouteilles de vin en France sont toujours bouchées avec un bouchon de liège, ce qui nécessite le fameux tire-bouchon pour les ouvrir.
- Les glaçons : on va en mettre dans certains apéritifs (pastis, martini, whiskey…) et parfois également dans un verre de vin blanc ou rosé. Une habitude qui risque de scandaliser les vrais amateurs de vin !
- L’happy hour : les bars et restaurants ont adoptés cette tradition et proposent cocktails et boissons alcoolisées à prix réduits dans la soirée, entre 18 et 20h, par exemple. On dit « C’est l’happy hour » ou « On va faire l’happy hour ». Attention cependant à la phonétique : quand les Français « empruntent » du vocabulaire aux autres langues, principalement à l’anglais, n’oublie pas qu’ils garderont une prononciation française. Donc dans ce mot, les 2 /h/ sont muets et le /r/ est bien rrrrr raclé !
- Des verbes synonymes de boire selon les contextes : siroter (boire lentement), boire cul sec (vider son verre d’un coup. La tequila, par exemple, peut se boire cul sec), déguster (boire en appréciant), picoler (mot familier signifiant boire trop d’alcool), se désaltérer (boire – de l’eau – quand il fait chaud), se saouler, s’enivrer (boire trop d’alcool jusqu’à être ivre, saoul)…
- À la bonne franquette : si tu es invité chez des Français et qu’ils te précisent que ce sera « à la bonne franquette », cela signifie que ce sera en toute simplicité, que tes hôtes « ne mettront pas les petits plats dans les grands » ! Tu peux alors proposer : « Tu veux que j’apporte quelque chose à boire ou à grignoter ? »
- Grignoter, les grignotis : normalement, l’apéro est un moment se retrouvent, au bar ou chez un ami, pour partager un verre. Mais cela s’accompagne bien souvent des petites choses à manger. Enfin, on ne mange pas vraiment : on grignote... Comme un écureuil ou une petite souris.
- L’apéro-dînatoire : version plus rassasiante de l’apéritif. On se retrouve chez un ami pour boire, mais il y aura également à manger et on n’aura pas besoin de dîner ensuite.
- « L’apéro-Skype » ou le « Coronapero » : pendant le confinement, l’apéritif à distance était devenu un rituel chez certains Français, leur permettant de garder un contact avec leurs proches. Il suffisait d’avoir une connexion Internet, une webcam, et un petit verre de vin à la main pour se croire au café à partager un verre avec des amis.
- L’invitation : On se prend un verre ? On boit un coup ? (au bar). On se fait un petit apéro à la maison vendredi soir, tu en es (tu veux venir) ? Ça te dirait de venir à la maison demain soir ? J’organise un apéro-dînatoire avec quelques amis…
Ce qu’on boit pour l’apéro
- Une bière : au bar, tu peux la choisir en bouteille ou à la pression. Pour commander une bière pression, tu diras : Un demi, s’il vous plaît ! Un demi quoi ? Excellente question… Un demi équivaut à 25 centilitres.
- Du vin : rouge, blanc ou rosé, tu as le choix ! Le vin se boit aussi pour l’apéritif.
- Un vin pétillant : le champagne, bien sûr, mais aussi des boissons moins onéreuses comme le Crémant ou le Prosecco.
- Un verre de muscat, de porto, de martini… Pour ceux qui apprécient une boisson plus sucrée avant le repas.
- Des cocktails à base de vin : d’origine italienne, le Spritz ou le Hugo sont devenus super populaires ces dernières années dans l’Hexagone. Mais il existe bien d’autres boissons de ce genre d’origine française. Jette un oeil sur la préparation d’une Marquisette, d’un Blanc limé, d’une Soupe angevine, d’une Jacqueline… Tu ne seras pas déçu !
- Le Kir est un apéritif traditionnel préparé à base de liqueur de cassis et de vin blanc sec. Le Kir Royal remplace le vin par du champagne.
- Le pastis : la star de l’apéro dans le sud de la France est une boisson à base d’anis dont le goût ne plaît pas toujours aux étrangers. Pourtant, il y a plein de raisons de boire du pastis. Tout d’abord son prix : un verre de pastis dans un bar sera généralement la moins chère des boissons de la carte. Ensuite, c’est désaltérant (rappelle-toi le vocabulaire que je t’ai donné plus haut). Quand on a soif, boire un Pastaga comme disent les amateurs, est une bonne idée. On verse généralement 1 volume de pastis pour 5 volumes d’eau, mais s’il fait très chaud ou si on a très soif, on peut « noyer » son pastis : y mettre plus d’eau.
- Enfin, le pastis se décline pour satisfaire tous les goûts, il y a différentes marques (Pernod, Pastis 51 ou Ricard) et différentes combinaisons : moi, j’adore la Mauresque, un mélange de sirop d’orgeat (d’amande) et de pastis. Mais tu peux commander une Tomate (sirop de grenadine + pastis) ou un Perroquet (sirop de menthe + pastis).
Ce qu’on mange pour l’apéro : les amuse-gueule
Les amuse-gueules, ce sont tous ces petits grignotis qui vont parfaire l’apéritif et accompagner la boisson alcoolisée, avant le déjeuner ou le dîner. Dans un restaurant chic, on te proposera des amuse-bouches, vocabulaire plus élégant. Si tu manges des toasts de tapenade (purée d’olives noires à l’ail, spécialité de Nice), ce sera un amuse-gueule. Si tu dégustes des canapés de caviar, ce sera un amuse-bouche !
- Pour un apéro rapido, on servira des fruits secs, fumés ou salés : des cacahuètes, des noisettes, des amandes, des pistaches. On peut aussi y rajouter des rondelles de saucisson, des olives et/ou des chips. Tu connais peut-être ce fromage iconique La Vache qui rit ? Et bien la marque se décline pour l’apéritif avec les Apéricubes : des petits cubes de fromage enveloppés de papier brillant sur lequel on trouve des devinettes ou des quiz.
- Pour un apéro plus sophistiqué, on servira une quiche, un cake salé, une planche de fromage ou de charcuterie… On préparera des mini toasts recouvert
Les usages à respecter
Quand on prend l’apéritif au bar avec des amis
- Il existe en Allemagne une question posée par le serveur ou la serveuse « Zusammeln oder geteilt ? » – « Vous payez ensemble ou séparément ? »– Et bien cette question n’existe pas en France. Au moment de régler l’addition, l’un des convives se jettera sur la note en disant « C’est pour moi » ou « C’est ma tournée ». Il ne faudra pas oublier de payer à ton tour la prochaine fois que vous vous rencontrerez !
- Autre scénario possible : tout le monde sort son porte-monnaie et laisse de l’argent, en fonction de ce qu’il a consommé. Sans oublier le pourboire (nullement une obligation, mais une gentille attention qui va tout droit dans la poche du serveur ou de la serveuse si on a passé un bon moment. 5 à 10% de la note !)
Quand on est invité chez des Français
- La bise, la poignée de main, le ‘check’ ou… garder ses distances : les usages ont bien changé depuis la pandémie et aujourd’hui, même avec ses amis proches, on ne sait plus vraiment comment se comporter quand on se rencontre ou quand on se sépare : faut-il s’embrasser (se faire la bise), se serrer la main, etc ? Rien n’est moins clair. Le mieux est sans doute de demander « On se fait la bise ? » ou… de suivre le mouvement !
- Les horaires : ne sois pas surpris de l’heure à laquelle tu seras invité : 20h30 est une heure tout à fait possible, surtout s’il s’agit d’un apéro-dînatoire. Quant à la ponctualité, sache que tu ne devras en aucun cas arriver avant l’heure fixée (ce serait impoli !). En revanche, tu as droit au Quart d’heure de courtoisie, c’est-à-dire que tu peux arriver avec une quinzaine ou une vingtaine de minutes de retard : c’est poli (courtois)… pour laisser à ton hôte le temps de finir ses préparatifs ! Au delà, si tu es en retard, téléphone pour prévenir !
- Ne pas arriver « les mains vides » : au moment où on t’invite, tu devras poser la question : « Qu’est-ce que tu veux que j’apporte ? » et même si la réponse est « Rien », il convient d’apporter au choix (ou tout) : un bonne bouteille de vin (ou de champagne, selon l’occasion), un bouquet de fleurs ou des petits fours (gâteaux salés pour l’apéritif) ou même un gâteau fait maison…
- Les rituels quand on trinque : l’apéro, c’est l’occasion de trinquer, un mot que les Français ont emprunté à l’allemand (trinquen). En français, trinquer ne veut pas dire boire, mais : Entrechoquer les verres (d’alcool uniquement) en prononçant certains mots magiques : Santé, à votre santé, (à la vôtre), à ta santé (à la tienne), tchin tchin… Pour trinquer comme un Français, tu devras respecter certains rituels : tout d’abord, on ne boit pas avant d’avoir trinqué avec tout le monde : on passerait pour un plouc, un grossier personnage. Deuxièmement, on ne croise pas... Imagine : je tends le bras pour trinquer avec Olivier qui est assis en face de moi, mais catastrophe, Nathalie et Corinne sont également en train de trinquer et du coup, on est en train de se croiser… Non, panique, on ne croise pas !
- Car croiser ça porte malheur (Ah bon, vraiment ?) Enfin, dernier élément clé de l’apéro, il est absolument capital, essentiel, primordial de regarder dans les yeux la personne avec qui on trinque. Dans les yeux ! Sinon, ça porte malheur (encore) et on risque… 7 années de mauvais sexe ! Pas top, ça ! Si tu oublies de regarder ton voisin dans les yeux en trinquant, il va te demander de recommencer. En attendant, tu n’as toujours pas bu une seule goutte de ton verre !
- Je peux te donner un « coup de main » : ne pas hésiter à proposer ton aide au moment de servir ou débarrasser. La plupart du temps, ton hôte ou ton hôtesse préférera s’en occuper tout(e) seul(e), mais c’est une marque de savoir-vivre.
- Les remerciements : au moment de partir, remercie chaleureusement tes hôtes de leur invitation et n’hésite pas à leur envoyer un texto le lendemain pour le faire encore une fois.
Voilà, te voilà maintenant prêt pour la grande aventure : prendre part à un apéro français…
Oh là là !
Et bien, à ta santé !
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